Rio largartos, le paradis perdu

Notre choix de passage à Rio Lagartos c’était décidé quelques mois plus tôt. En faisant mes recherches habituelles j’avais trouvé des photos de cette eau incroyablement rose et de ces animaux que j’aime tant. Perchés sur leurs longues pattes frêles, leur plumage d’un vif oranger avait failli me faire perdre l’équilibre, alors que j’étais pourtant parfaitement assise.
« On ira voir cet endroit » m’étais-je dit, comme une promesse faite à moi même.

Mi-janvier. Nous voilà en route. 

Nous avions passé les quelques jours précédents à proximité de Valladolid. Nous avions visité la ville, profité des cenotes de Samula et X’keken et avions pris la route en fin de matinée. Une heure et demi de route nous annonçait fièrement le gps.
– Chouette un court trajet, soufflais-je à Sébastien.
L’étape plein d’eau et d’essence ne tarda pas, nous avions ouïe dire que la station de Rio lagartos ne desservait plus de ce liquide si indispensable encore afin de continuer notre route, le gasoil. Le trajet depuis Valladolid n’était autre qu’une immense ligne droite de bout en bout et il fut difficile de ne pas avoir l’impression qu’elle n’en finirait jamais. Rio Lagartos, continuez tout droit, annonça un panneau. Traversant enfin le petit village de pêcheur nous finîmes par longer le bord de la lagune. L’eau était loin d’être aussi claire que ce que je me l’étais imaginé. Tant pis ce n’est qu’un détail, nous avançons sur le sable, contournons le restaurant et jetons notre dévolu sur la toute fin du parking.
Installés face à la mer, l’endroit nous semblait parfait pour s’y installer au moins une semaine. Le ventre de Sébastien se targuait de bruits tonitruants et une fois Liberty installée il ne perdit pas une seconde pour aller tester le petit restaurant de pêcheur que nous avions contourné un peu plus tôt.

Notre bivouac à Rio logartos.
N 21. 59594  W 88.14576

Nos compatriotes ne tardèrent pas à nous rejoindre et notre campement s’installa petit à petit. Ils étaient français mais vivaient depuis presque douze ans à Montréal, et les deux jours précédents à leurs côtés nous avait donné le goût d’en partager plus encore avec eux.

Cenote Samula

Arriva sans tarder un petit homme trapu et aux cheveux noirs. Ismael s’adressa à nous, nous demandant de payer 50 pesos par nuit pour stationner ici. L’agacement monta rapidement d’autant plus que nous savions cet endroit gratuit et ce de longue date. Après explications, ce prix nous était demandé pour aider à maintenir propre les lieux, et le prix passa par semaine. J’eu du mal à entendre ses arguments lorsqu’il me dit que quelqu’un venait tous les jours nettoyer les déchets laissés par le locaux en personne. J’avais passé la demie-heure précédente à ramasser les centaines de capsules de bière qui jonchaient le sol. Terrorisée à l’idée qu’un de mes enfants se découpe le pied dessus et horrifiée par le spectacle de destruction intensive de la nature qui se jouait sous mes yeux. J’avais frénétiquement attrapé un sac poubelle une fois de plus et avais ramassé tout ce qui obstruait mon champ de vision. Une demie-heure plus tard, Ismael arrivait nous demandant de payer pour nettoyer la plage. Après discussion Thomas lui proposa que nous pouvions l’aider à entretenir le lieu. Réparer les pontons, nettoyer la plage, consolider ce qui menaçait de s’effondrait et son regard s’adoucit.
– Ce serait plus simple pour vous de payer cinquante pesos, lanca t-il.
Mais après tout cette perspective m’enchantait moi qui aimait tant bricoler. Nos deux familles avaient du temps devant elles et ce petit coin au bord de l’eau nous offrait tout ce dont nous avions besoin pour nous sentir à notre aise.
Plein de gratitude Ismael avait continué en nous offrant un diner au restaurant le soir même pour tous les huit et une sortie en lancha pour aller voir les flamants roses. C’est d’ailleurs ce à nous nous occupions nos journées. Détente, jeux avec les enfants, réparations, balade à vélo, visite de Las coloradas et balade en lancha.

Arrivant sur Las coloradas je ne pu que me rappeler des souvenirs anciens de mon voyage au Sénégal. Ce voyage avait transformé ma vie, ma vision du monde, ma vision des choses, des gens et de la vie. Son lac rose m’avait ébloui et je me souviens quittant la petite embarcation pour me diriger vers les petits marchants, acheter moi aussi un petit sac de sel tout droit sorti du lac. Quel doux souvenir. Je n’avais que quatorze ans.

Debout dans la benne du pick-up je fus la première à apercevoir les lacs salés au loin. Ils sont presque aussi roses que dans mes souvenirs, pensais-je. Les lacs beaucoup plus artificiels que dans la banlieue nord de Dakar avaient une forme rectangulaire et se parait de différentes couleurs. Celles-ci étaient du au bactéries qui y résidaient. De rose pâle à rose orangé, presque toute la gamme y passait. De colossales montagnes de sel bordaient la route. C’est trente mille tonnes de sel qui en sortent chaque année.

Les couleurs sont tout simplement, renversantes murmurais-je le souffle coupé. Mes couleurs préférées cohabitent avec la plus grande perfection. Le spectacle vu du ciel était plus incroyable encore.

La faune qui vit dans ce petit coin de nature y est extrêmement riche et dense. Nous croisons flamants roses dans les lagunes salées mais ils ne sont pas les seuls à habiter ici. Leur couleur parait irréelle. L’impression qu’ils aient été remplumés avec les plumes du dollarama est vivace. Ils sont pourtant bien réels et présents par centaine. C’est le moment propice pour un petit cours « d’école » pour Eleanor et Timothy. Ces petites merveilles de la nature doivent leur couleur à leur alimentation. Ils se nourrissent quasi exclusivement de crevettes. S’ils n’en mangeaient pas leur couleur tournerait très vite au blanc. Le orange vif de leur parure ne laissait aucun doute au fait que les crevettes ne manquaient pas dans les environs.

Notre promenade en lancha nous permit de découvrir paisiblement le reste de la faune vivant dans la mangrove. Des crocodiles aux iguanes. Des pelicans aux spatules en passant par un aigle pêcheur, des cormorans aux pelicans du canada, des aigrettes blanches aux somptueux hérons cendrés sans oublier les cigognes. Ce petit port de pêche perdu au bout d’une interminable route recueillait une variété d’espèces à faire pâlir bien des zoos. Mais ici, ils vivaient en liberté. Ils respiraient la liberté et cette saveur rendait l’instant encore plus unique.

Notre guide ne manqua pas de nous commenter les espèces qui nous éblouissaient de toute part. On apprit au passage que les pélicans ayant la tête grise sont en fait de jeunes pélicans. Lorsqu’ils vieillissent leur pelage gris disparait pour laisser place à du jaune puis du blanc.

Nous avions depuis notre arrivée au petit port de pêche trouvé grand nombre de carapaces petites et grandes de limules. Ces ancêtres préhistoriques ayant vécu au temps des dinosaures. Cet endroit semblait être un pont entre nos deux périodes pourtant séparées de 445 millions d’années. On avait retrouvé nombre de leurs traces dans des fossiles, et je m’étonnais toujours de les voir vivant aujourd’hui encore. Ces petites créatures inoffensives et dont la forme n’avait pas vraiment évolué depuis la nuit des temps étaient avec nous. Mon étonnement fut difficile à décrire lorsque notre guide nous en rapporta une… vivante. Ses huit pattes articulées se baladaient dans tous les sens cherchant à se remettre à l’endroit.
– Vous pouvez la toucher, avait-il ajouté devant notre soudain recul. Prenant mon courage à deux mains, j’acceptais l’impensable, qu’il me la mette sur la tête. Ses petites pattes se mirent à me gratouiller la tête, entre le massage et les piqures. J’eus bien du mal à savoir si j’appréciais ou détestais l’expérience et fus nettement plus enthousiaste en l’installant sur ma main.

La sortie en bateau semblait combler tous les coeur de tous les âges. Des plus jeunes aux plus âgés, tout ce que nous permettait de voir cette petite embarcation ravissait nos yeux et illuminait les visages de nos petits voyageurs.

La lancha repartit de plus belle. Nous quittions notre point de vue à quelques mètres des flamants roses en direction d’une tradition ancestrale et typiquement maya. Le petit bateau s’arrêta quelques centaines de mètres plus loin. Personne n’était là. Aucun touriste, aucune autre embarcation. Précédé par notre guide, un à un nous enfonçâmes nos pieds dans cette terre blanchâtre et gluante. Quelle étrange sensation. Une fois embourbés dans cette terre cousine des sables mouvants. Chaque pas semblant nous faire nous enfoncer plus encore. Timothy n’osa pas y tremper un ongle. Sébastien rechigna mais finit par se jeter à l’eau. Eleanor et moi s’étions déjà largement avancé et rapidement nos jambes ne furent plus qu’un plâtre géant. Notre guide s’agenouilla, écarta l’eau et la boue creusant un trou d’une trentaine de centimètres de profondeur. Ses mains remontant à la surface il en dégagea un énorme bloc d’une sorte d’argile incroyablement blanche.
Nettoyez vos jambes, nous demanda t-il, c’est avec ça que vous devez vous enduire. La terre qu’il venait de sortir n’avait en effet rien de comparable à celle qui était sur le sol. Elle nous sembla d’un seul coup bien trop sale. Nous ne nous fîmes pas prier pour nous badigeonner allègrement de cet enduit, comme le faisaient les mayas il y a des millénaires. Cette tradition s’appelait un bain maya et ce fut avec plaisir que nous écoutâmes notre guide nous raconter ses bienfaits. Ils étaient considérés comme lavants, et avaient la particularité d’offrir à ceux qui s’y rouleraient une peau incroyablement douce.

Une soirée au bord de l’eau finit de nous convaincre. Cet endroit encore assez préservé des touristes, même en haute saison était un véritable petit havre de paix. Authentique et paisible nous avions pris le plus grand des plaisirs à parcourir les petites étales des vendeurs de fruits et légumes du village, à acheter notre poisson aux pêcheurs à peine sorti de l’eau, à  entrer en contact et sympathiser avec les locaux, à passer de longues soirées autour de nos feux de camp, à apprécier le vent qui balayait la plage tout autant que le soleil, à vivre tout simplement au rythme de ce petit village mexicain.

Au revoir petit paradis.

 

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Infos pratiques aux voyageurs

Essence / Pemex « gasolinera »

Comme je vous le disais un peu plus haut la station essence de Río Lagartos est en travaux en ce moment (janvier 2018), il n’est donc possible d’y faire que le plein d’essence et non le gazole.
La dernière option avant celle la est de faire le plein à TIZIMIN (45 minutes au sud de Río Lagartos).

 

Gaz / propane, « gas »

C’est aussi à TIZIMÍN que vous pourrez remplir vos bonbonnes de gaz. Il y a deux options sur place. La meilleure reste GAZ IMPÉRIAL, ou nous avons rempli tous nos réservoirs pour le prix de 10 pesos le litre. Un excellent prix.

N 21.10863. W 88.15942

 

Eau « agua »

Remplir de l’eau non potable est possible sur les stations pemex qui mènent à Río Lagartos.
Celle actuellement en rénovation a Río Lagartos possède elle aussi un robinet.
En arrivant depuis le sud la station se trouve sur votre gauche, et le robinet se trouve sur la gauche (proche de la route : env 3/4m) au moment où vous tournez.

 

Eau potable, « agua purificada »

Nous avons fait remplir nos jerricans d’eau potable un peu après la pemex. Le prix est excellent. C’est une petite maison avec l’inscription « planta potabilizadora y purificadora di agua ». A nouveau sur la gauche en arrivant depuis le sud.
Pour 20 litres d’eau comptez 10 pesos.

N 21.59015. W 88.15678

 

Lavage à « Lavanderia El mar »

Nous avons pu faire laver notre linge dans le village.
Comptez 24 heures, et 12 pesos le kilo. Ou dans la journée si vous déposez votre linge à 9h du matin le jour même.

N 21.596340  W 88.1586179

 

 

Et maintenant, place à la vidéo

 

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